"un emploi- un permis" comme modèle

Publié le par Le général de Richoufftz

Compte tenu des attentes :

-du personnel politique comme des administrations en terme de lutte contre le chômage (« la » priorité nationale),

-d'une partie de la jeunesse marginalisée de nos banlieues qui « a envie » de réussir (savoir saisir une dernière chance),

-des nombreux acteurs sociaux qui agissent au mieux des intérêts des jeunes en recherche d'emploi mais, bien souvent, de façon isolée et sans coordination,

-des entreprises qui ont besoin de main d'oeuvre, non qualifiée de fait, mais qui ait acquis les règles essentielles de vie en collectivité (rigueur, ponctualité,etc),

il s'agit de coordonner les actions des différents intervenants, de fixer des objectifs simples et « atteignables » par une population en mal de repères, et de s'y tenir, enfin de disposer d'une organisation suffisamment souple pour répondre, à tout moment, à de nouveaux enjeux.

Le cursus imposé -« permis, emploi »- est la quasi-assurance de trouver un emploi dans des délais courts.

L'ensemble des parties prenantes a adhéré au projet car il présente l'intérêt de la simplicité

L'organisation, adossée à une structure reconnue (la RTIDF en 2004 ? 2005?), préserve l'autonomie de chacune des structures parties prenantes, tout en permettant le contrôle et un suivi individuel des jeunes.

Les chiffres arrêtés (+ 150 jeunes sélectionnés, 10 sites répertoriés...) correspondent à une réalité : un cadre, pris à temps plein, peut assurer le suivi individuel des candidats pendant la durée de leur cursus.

Le « sur-mesure » ciblé sur une population difficile (avec des conséquences non négligeables en terme de « retour au calme » dans les banlieues) paraît préférable, du moins dans un premier temps, à un projet très large.

Le rôle du ministère de la Défense est essentiel et ne peut être réduit à celui d'un simple opérateur. Il est le principal garant, aux yeux des entrepreneurs, de la démarche citoyenne à travers l'organisation d'une préparation militaire (PM).

Plus spécifiquement, il présente différentes formes de complémentarités :

-un appui des cadres de la réserve opérationnelle aux cadres d'active, synonyme d?économie de moyens humains, de mélange de cultures et de démonstration tangible de l?implication de citoyens dans une activité militaire,

-la participation à une préparation militaire, période courte mais dense durant laquelle les valeurs de camaraderie, de vie en société et du respect d?un système établi sont inculquées, et ce loin du cadre de vie habituel,

-enfin, une mixité homme/femme au sein de l'encadrement de cette PM, permet à chaque jeune de trouver un confident de confiance pendant ce stage, loin de ses racines.


1. Intervenants indispensables

-Le Conseil Général qui fixe les priorités et les objectifs à atteindre : sites à privilégier, population concernée, financements attendus, organisation « interne » à mettre sur pied...

 
-L'équipe managériale proprement dite (3 à 4 personnes), responsable de la conduite et du suivi du Projet.


-Les Missions Locales, regroupant dans leurs instances associatives les élus, les services de l'état, les partenaires économiques, sociaux et associatifs et qui travaillent en étroite collaboration avec l'ANPE, sont partenaires des actions en faveur des jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Les missions locales sont donc parfaitement adaptées pour être au coeur de cette démarche citoyenne au profit de ces « jeunes ». Sensibiliser et sélectionner les jeunes peuvent être des missions supplémentaires à leur confier.
1 responsable du CNML doit être affecté dans l'équipe de coordination.


-Les entreprises, qui participent doublement au succès du projet : d'une part en proposant des « métiers » d'emblée et d'autre part, en participant au financement du permis de conduire. C'est un véritable partenariat « donnant-donnant » qui s'établit entre « futurs » employeur et salarié. Cette association basée sur la confiance réciproque est essentielle pour la réussite du projet.
1 cadre d'entreprise, employé à temps partiel dans l'équipe de coordination, doit assumer l'indispensable interface entre jeunes et futurs employeurs.


-Les associations de type SJT ( Solidarité et Jalons par le Travail), oeuvrant au sein de dispositifs d'insertion sociale et professionnelle en faveur des publics de bas niveau de qualification, sont parfaitement adaptées pour accompagner les jeunes et les former à la conduite.
En effet à la différence des « auto-écoles » qui recherchent la meilleure « performance » au final de l'examen, ces associations adaptent le cursus « permis » au niveau de chacun des candidats. Ces associations ont des relations transverses avec les Missions Locales pour le suivi des candidats, aussi bien dans le soutien social que dans la formation au permis de conduire.
Compte tenu du succès enregistré par cette association, il serait souhaitable de poursuivre avec des associations présentant des caractéristiques identiques.


-« CARREFOURS POUR L'EMPLOI » apparaît une interface apte à démarcher les employeurs pour offrir un emploi aux jeunes sans qualification.
Créée en 1991 et initialement fondée pour rapprocher les entreprises et les armées, l'association « Carrefours pour l'Emploi » s'est élargie aux collectivités locales et réunit plus d'une centaine de sociétés ou organismes adhérents.
L'objectif est de rapprocher offre et demande en mettant en relation recruteurs et chercheurs d'emploi, diplômés ou non.
De nombreuses réalisations peuvent être citées dans le cadre de son action dont les plus récentes et les plus significatives sont les forums « Paris pour l'emploi ».
En 2005, près de 50 000 demandeurs d'emploi se sont rendus à ce forum francilien pour rencontrer 305 exposants qui ont proposé 20 000 postes à pouvoir. En 2004, un candidat à l'embauche sur 10 avait retrouvé un emploi par ce biais.
« Carrefours pour l'emploi », susceptible de se mettre au service de l'équipe de coordination, est en mesure d'apporter une dimension régionale, voire nationale au projet.


-La Région Ile de France, et plus particulièrement sa Direction de développement économique, de l'emploi et de la formation professionnelle, assure le soutien financier des actions de formation, à l'exception du permis de conduire qui est pris en charge par les entreprises.
Le cursus proposé est bien conforme aux souhaits de la Région de voir non seulement chaque francilien-francilienne accéder à un premier niveau de qualification professionnelle mais aussi de fournir des réponses adaptées aux situations diversifiées des jeunes.
Il permet, en accord avec le premier axe défini dans le schéma des formations 2000-2006, d'offrir un environnement favorable aux apprentissages, au développement personnel et à celui de la citoyenneté.


-Institution(s), garantie(s) de rigueur : ce fut le rôle tenu par les armées dans l'organisation d'une période de « recentrage » vie en collectivité des jeunes en camp : la participation de la Défense au projet est incontournable pour sa réussite.



2. Organisation adaptée

Le succès de l'opération « emploi- permis » conduite en 2005, l'espoir suscité auprès de très nombreux jeunes adultes en voie de marginalisation et qui n'ont pas eu la chance de faire partie de cette première opération, l'adhésion totale des différents partenaires comme l'insistance des parties-prenantes pour poursuivre et élargir à d'autres ce projet fédérateur, l'excellent accueil réservé par l'ensemble des médias (« le général des banlieues ») pour ce projet simple et concret, sont des acquis non négligeables, à prendre en compte, pour une éventuelle « suite à donner ».
C'est la raison pour laquelle il apparaissait essentiel :

-de lancer sans tarder au bénéfice d'un département en Ile de France (93 ?) un projet
« permis, emploi » à l'identique de ce qui a déjà été fait : « Projet 150 » ;

-puis, d'étendre à la Région Ile de France, avec son accord et en recherchant d'autres participants  (MEDEF, Conseils généraux,...), autant de fois que de besoin ce premier projet : « Projet 1000 » ;

-dès la décision prise d'étendre le projet, de promouvoir un partenariat avec 10 agglomérations confrontées à des difficultés similaires (Marseille, Strasbourg, Bordeaux,...) de manière à ce que chacune d'elle puisse conduire un « projet 150 » par la mise en place d'une organisation sensiblement homothétique : « Projet 3000 » au plan national.




PROJET 150


Concernant le « Projet 150 » l'organisation proposée est légère car adossée à une structure pluridisciplinaire (un Conseil général). C'est une opération qui peut être reconduite localement.
Outre un officier d'active, coordonnateur, le besoins en personnel a minima serait le suivant :

-Une assistante, fonctionnaire territoriale catégorie C ;
-Un adjoint, chargé du suivi global de l?opération et des activités liées au parcours civique ;
-Un responsable CNML, chargé des relations avec l'ensemble des organismes à vocation sociale ainsi que du suivi de l'auto-école ;
-Un responsable (temps partiel) chargé des relations avec les DRH du placement des jeunes et de leur suivi initial en entreprise.


PROJET 1000

Concernant le « Projet 1000 », projet conduit sur 2 années et « élargi » à la région parisienne (la plus « sensible » en terme de réinsertion de la jeunesse en déshérence) il apparaît souhaitable de le lancer dès lors que le « projet 150 » est engagé. Il s’agit de mettre à profit cette dynamique du succès en élargissant progressivement (par tranche de « 150 » chaque 2 mois) un tel dispositif aux autres départements de l’Ile de France. Dans ces conditions l’organisation générale de coordination serait modifiée (5 personnels en plus).

PROJET 3000

le « Projet 3000 » correspond au « Projet 150 » (priorité 93) + « Projet IdF » = « Projet 1000 » auquel il convient d’adjoindre les villes ou zones urbaines (au nombre de 9 ou 10), en Régions, qui souhaiteraient adapter un cursus identique à l’intention des jeunes adultes en voie de marginalisation. Si ce devait être le cas, pour des raisons de cohérence, d’effet psychologique (opération au plan national) et de partage des savoir faire (gagner des délais dans l’application de la méthode) un tel projet, sur 2 ans, doit être coordonné dans un certain nombre de domaines (recherche d’une certaine unicité pour le « stage de vie en collectivité », la rédaction du passeport individuel à l’intention de chacun des candidats, le choix des critères exigés pour les auto-école, etc…).
Dans ce cas, une dizaine de personnes supplémentaires s’avère nécessaire pour suivre les opérations dans les différentes régions, celle-ci s’organisant pour mettre sur pied leur module 150 (cf organigramme 150 ).

- Rôle des armées
Le cursus proposé aux jeunes adultes en voie de marginalisation comporte un stage dédié à l’acquisition des règles essentielles de vie en collectivité (respect des horaires, comportement, souci des autres, effort dans la durée, etc…) : la préparation militaire. Au cours d’une période bloquée de 2 semaines hors du cadre habituel de vie, privés de leurs repères et de leurs habitudes, regroupés en camp ou sur un site spécifique avec un encadrement choisi et sensibilisé à son rôle d’éducateur, c’est moins une préparation purement militaire que l’acquisition d’un « savoir être » en collectivité qui doit être recherché.
Ce qui est vécu comme une « épreuve » très enrichissante pour les participants est un motif fort auprès des entreprises en vue de leur adhésion au projet, sans doute « la » raison de leur engagement : leur amener des jeunes qui « aient envie ».
Deux semaines, déplacement compris, s’avèrent suffisantes pour ces jeunes en « galère » ayant charge de familles pour certains. Au-delà de cette durée, nous risquerions de nous trouver confrontés à un sentiment de rejet, tout à fait préjudiciable.
L’objet de cette quinzaine « ensemble » est de faire adhérer les jeunes volontaires à un minimum de valeurs propres à chaque citoyen. Cette action doit être proposée avec soin et conduite avec rigueur sachant que ce « public » a un besoin particulier d’affection, comprend parfaitement le langage de la fermeté mais rejette toute forme d’agressivité, éprouve un fort besoin d’équité entre les membres du groupe tout en étant peu enclin aux changements d’habitude et à un effort prolongé.


S’adressant aux jeunes adultes en voie de marginalisation – mais sans exclusive –, sans risque car reconduit à l’identique de l’expérience « emploi-permis » menée avec succès en 2005, le « Projet 150 » présente l’avantage d’une solution « opérationnelle » – limitée dans l’espace et dans le temps – de lutte contre la précarité tout en apportant un concours non négligeable en terme de paix sociale et d’ordre public.
. Dépassant le strict cadre local, son élargissement envisageable  –  « Projet 1000 » puis « Projet 3000 » – à la région Ile de France puis au Pays, par partenariats successifs, aurait des répercussions fortes en terme social, médiatique et politique.

Publié dans Projets de Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Fille d'un officier un peu rebelle dans ses jeunes années (il a failli se faire reformer P4 par un capitaine excédé par sa verve), j'ai souvent entendu mon père critiquer un système parfois obscur et difficile à réformer, ou faire évoluer...<br /> Les forces d'inertie semblent nombreuses et puissantes et souvent elles semblent agir de façon cachée....C'est contre-productif et surtout dommageable à la bonne image de 30 000 hommes (c'est bien ça? un chiffre de plus en plus ridicule!) qui sont prêts à donner leur vie pour leur concitoyens....qui les désavouent !!! <br /> Il y a de quoi se décourager.
Répondre
R
Mon Général, je vous ai découvert le mois dernier lorsque vous étiez intérrogé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC.Ce projet que vous proposez est un formidable signal d'espoir pour beaucoup de jeunes en difficultés. C'est une réponse claire, efficace qui ne s'incrit pas dans les inombrables usines à gaz que nous avons l'habitude de mettre en place.
Répondre
L
un beau projet. vous etes rentré dans les détails à savoir que je comprends mieux ce que vous auriez fait à l'echelle nationale. Tout a été prévu, calculé...BRAVO!!
Répondre
L
je comprends bien mieux ce dont il s'agit. Pensez vous pas qu'à plus large echelle(projet 3000) le projet serait moins personnalisé??
Répondre
F
Encore bravo,mon général.<br /> Mais tout ceci paraît tellement évident qu'il serait temps de se demander qui s'y oppose. C'est clair, c'est fraternel, c'est"citoyen", c'est assez simple, c'est moins coûteux que le prix de la délinquance et de l'aide sociale cumulées. Alors une seule question vient à l'esprit: pourquoi le chef des armées n'est-il pas derrière ce magnifique projet ?<br /> Mais peut-être n'avez-vous pas le droit de répondre à tout le monde ;-)
Répondre