METIER, PERMIS, CITOYENNETE.

Publié le par Le général de Richoufftz

Faute d’avoir été entendu  sur un « élargissement » de la première expérience conduite sur 11 sites différents et 3 départements de la région parisienne et parfois raillé quant à la crédibilité de ce projet «  105 permis pour 2005 ! » que certains Cabinets se sont évertués à discréditer, mais parfaitement  conscient des enjeux que représente cette jeunesse privée de repères, dit-on, comme des propositions de « service » pour le moins contestables – simple effet d’annonce ?- dont j’ai essayé de vous en montrer quelques unes des incohérences au cours de mes derniers propos, je laisse à votre appréciation la forme que pourrait revêtir une opération«élargie»et qui serait conduite selon les principes qui furent les nôtres.

1- Faire porter l’effort sur une population choisie.

En effet il ne s’agit pas de « mettre dans un même sac » Auteuil- Neuilly- Passy avec La Courneuve ou Etampes. Les attentes comme les besoins ne sont pas les mêmes, chacun le comprend et le vit au quotidien. Il serait plus réaliste d’évoquer le cas non pas de « la » jeunesse de France mais de parler des manquements constatés au sein de plusieurs jeunesses, parfois bien dissemblables ; et  cessons donc de gamberger sur « le » service  obligatoire avec un  encadrement militaire !

D’autre part il y a urgence, et le terme n’est pas trop fort, de prendre des mesures au cœur de nos cités réputées les plus difficiles -qu’est-ce qui a été fait depuis novembre 2005 ?-, et de prouver l’efficience de l’Etat en engageant des opérations « ciblées », avec une « lisibilité » suffisante pour qu’il recouvre rapidement sa crédibilité, tout en répondant aux aspirations de « cette » jeunesse en particulier. Celle-ci, à tord ou à raison, se sentant délaissée, voire abandonnée et donc livrée à elle-même avec les excès que l’on connaît et qui ne datent pas d’hier, a besoin de trouver ou de retrouver le chemin de la République. Dans ces conditions faire porter l’effort d’insertion sociale ou d’intégration sur cette frange de déshérités la moins prompte à « rentrer dans le rang » - un « volontariat » d’autant plus facilement accepté qu’il y a un « intérêt » à la clé- me paraît de nature à faire progressivement sortir ces « jeunes » de la spirale de l’échec, à leur redonner confiance et goût à la vie, à devenir l’exemple d’une certaine réussite dans les cités et, par voie de conséquence, acquérir cette fierté d’être « comme tout le monde ». Par l’exemple, le succès et l’effet d’entraînement qu’il suscite, ramener la paix en banlieues…

2- Vouloir être Français.

Etre Français ne signifie pas nécessairement grand-chose, même si le citoyen possède sa carte d’identité. Si la maîtrise de la langue demeure insuffisante, si on ne bénéficie pas de l’ascenseur social en ayant sa place en entreprise- mais comment la trouver en baragouinant un sabir incompréhensible ?- et si on ne possède pas un enracinement à sa Patrie d’adoption faute d’avoir une référence historique forte, se sent-on Français à part entière? Sans s’attarder sur une intégration bâclée dont nous subissons encore les effets aujourd’hui avec les enfants de la deuxième voire de la troisième génération des migrants des années soixante, nous pouvons redonner espoir à celles-ci sous réserve d’afficher clairement les objectifs à atteindre, de fixer des échéanciers n’excédant pas une année au plus et d’imposer des efforts : être Français, cela se mérite! Tout citoyen a certes des droits mais aussi des devoirs envers la République qui l’héberge. Il ne s’agit pas de remettre sur les bancs de l’école ces « laissés pour compte », encore moins de leur faire miroiter une « sortie » honorable possible après un Xéme stage ou petit boulot: ils ne le supporteraient plus !

Ils ont conscience de leurs carences et de leurs manques, et par voie de conséquence de leurs limites. Désormais ils sont prêts à faire les efforts nécessaires pour «s’en sortir », et s’en sortir c’est avant tout avoir un « vrai boulot ».L’idée qui doit prévaloir est donc de mettre ces « jeunes » en posture de gagner ! Offrir une dernière chance à ceux et celles qui ont « galéré » afin qu’ils se sentent acceptés au sein de la collectivité nationale : être Français, enfin! Un triptyque incontournable pour le devenir : maîtriser la langue, avoir un métier, être fier de son histoire. Pas simple au cœur de nos cités !

La langue:

Pas question de retourner à l’école : le cri est unanime!  Toutefois la perspective d’obtenir le  code de la route- épreuve excessivement difficile pour qui ne maîtrise pas parfaitement le sens des mots et préalable à toute leçon de conduite- va donner toute sa force à une « réappropriation » progressive, et par niveau, du Français. Une façon détournée de retrouver le « lire et comprendre » et chemin faisant, l’emploi à peu près normal des mots et expressions de notre langue commune : pouvoir communiquer « normalement ».

Le premier « intérêt » partagé.

Le travail:

Nos entreprises, quelles que soient leurs tailles, sont non seulement créatrices de richesses mais sont le cœur de notre vie économique et sociale. Un salarié ne passe-t-il pas plus de temps en entreprise que chez lui, à condition d’avoir eu la chance d’y entrer…Aussi dans cette « reconquête » de la citoyenneté, l’entreprise est véritablement le maillon essentiel. Sans un engagement fort de leurs dirigeants et une prise de conscience claire de ce rôle dévolu à nos entreprises, forces vives en ce temps d’une mondialisation qui peut être destructrice d’emplois, point de salut! Toutefois la nécessaire contrepartie d’une entrée dans l’entreprise de personnes peu ou non qualifiées-en « galère » pour certaines- ne peut être que la résultante d’un engagement moral fort de part et d’autre qui soit « sanctionné » par un  «parcours »-à la fois initiatique et obligatoire (« Donnez-moi des jeunes qui « aient envie » ! Pour le reste nous nous débrouillons. »).

Le deuxième « intérêt » partagé.

Retrouver ses racines:

Il n’est pas facile non plus pour les non « Gaulois » de se sentir charnellement attaché au pays d’accueil dés lors que des pans entiers de notre Histoire commune ont été occultés et que toute référence à l’Armée d’Afrique- dans laquelle se sont illustrés leurs aïeux, pour la plupart- a été volontairement gommée des discours officiels et des manifestations patriotiques depuis des décennies. Au-delà de faits d’armes remarquables qui ont fait honneur à la bravoure de chefs prestigieux et d’une troupe hors pair, n’ont-ils pas été les acteurs essentiels de notre libération en 1944 ? Pourquoi ne pas le leur dire et le célébrer avec la reconnaissance, même tardive, que l’on doit à ces hommes d’exception, derniers héros silencieux et malheureusement oubliés: les mesquineries et rancoeurs sont passées par là aussi !

Pourtant comme il serait simple de les remettre à l’honneur  au cours d’une cérémonie qui donnerait tout son sens à cette « filiation » militaire, véritable amorce d’une conscience patriotique partagée entre les générations et avec la collectivité nationale: en être !

Le troisième « intérêt » partagé…

3- S’appuyer sur les Armées.

Concernant ce projet simple comme le fut « emploi, permis » et qui aurait été progressivement élargi sur le territoire national, c’est bien du « sur mesure » qui doit être  proposé à des volontaires -ceux-ci trouvant leur intérêt a s’engager dans un cursus gagnant-gagnant- et dans lequel les armées sont incontournables, pour 3 raisons au moins :

-Elles sont les armées de la Nation et sont jugées et appréciées comme telles par l’ensemble des parties prenantes associées au projet, en premier lieu les «jeunes » qui ne font aucun obstacle à la discipline et aux règles imposées dès lors que c’est un cadre en uniforme qui s’adresse à eux. La Défense demeure une institution de référence qui impose encore le respect, l’ultime référence à l’Etat dans certaines de nos cités. .

-Nos armées donnent un « sens » à l’action- collective et emblématique : être Français- qui, sans une présence « visible » même limitée dans le temps et réduite en effectifs, serait considérée comme une formation professionnelle de plus, une Niéme tentative pour accéder à un emploi: et ces jeunes là, en échecs répétitifs, ont besoin d’une fermeté bienveillante que seuls les militaires en tenue sont susceptibles de leur apporter.

Publié dans Projets de Société

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