Déni de démocratie !
Nous étions plus d’un million de Français à battre le pavé parisien dimanche 13 janvier pour exprimer tout à la fois l’inquiétude de la « majorité silencieuse » quant au bouleversement sociétal attendu avec « le mariage pour tous » et la consternation concernant la question essentielle, largement occultée : celle d’une filiation devenant totalement et durablement extravagante. Ce saut dans l’inconnu semble nous être imposé, à l’emporte pièce, par un courant politique qui apparaît revanchard, méprisant et sectaire. Ramener la famille future au seul genre masculin et féminin, c’est la quasi certitude de perdre progressivement toute référence à une structure multi séculaire qui a fait ses preuves et dont on a encore besoin en ces temps difficiles et troublés ; à moins que le but final avéré, mais non dit , soit de «casser» la société, qui sait ? Pourtant une telle question qui touche à l’essence même de notre vie aurait mérité qu’un débat de fond puisse avoir lieu sans arrières pensées.
C’est bien loin d’être le cas. Ainsi, confiscation du débat par une poignée d’idéologues, « montée en ligne » de la pensée unique avec pour seul objectif le vote à l’Assemblée, représentants des Eglises reçus en catimini par des seconds couteaux ministériels et parlementaires, politiques et personnalités raillés dès lors qu’il ne se montrent pas « accommodants » , matraquage médiatique quotidien de la presse - écrite, parlée et télévisuelle - « aux ordres » , opposants de tout poil tournés en dérision et moqués par les faiseurs d’opinion, questions éthiques totalement biaisées, sont autant de signes qui ne trompent pas : « modeler » l’opinion ! Le pire je pense fut atteint en soirée lorsque les différents ministres, parfaitement « briefés », s’exprimèrent tour à tour sur les chaînes de TV publiques et privées alors que la manifestation « consistante » était encore loin d’être terminée.
Que n’a-t-on pas entendu ? Je n’évoquerai même pas le chiffrage annoncé, frisant le ridicule pour celle qui s’exprimait - sait-elle compter ? -, mais j’ai relevé deux perles qui méritent quelque attention : pas besoin d’un vote du peuple puisque l’élection du Président de la République, au suffrage universel, équivaut à un référendum ! Quel rapport ? Sauf que le Président doit son élection en grande partie grâce aux nombreux déçus du sarkozysme ; de là à dire que ce fut un raz de marée justifiant de museler les électeurs pendant cinq années … Et puis les Français n’ont-ils pas élu leurs représentants à l’Assemblée, et ceux-ci ne sont-ils pas ainsi les mieux placés pour porter la voix de leurs électeurs, en toute connaissance de cause, sur un projet voulu par le candidat ? Sauf que moins d’un électeur sur deux a voté et que la « majorité » représente à peine 25% de l’électorat ; qu’est-ce qui justifie que des décisions irréversibles , car engageant l’avenir de notre société, puissent être ainsi prises par des députés qui ne représentent pas vraiment le pays ?
A moins que tout ceci ne soit qu’un « écran de fumée » destiné à occulter l’essentiel : le redressement économique du pays. La France n’a pas besoin d’être encore affaiblie par ses divisions internes et notre démocratie mise à mal, par ce qu’il convient d’appeler un déni…